Celui qu’ils partagent n’a aucune frontière. Il traverse tout le répertoire et grâce aux talents de transcription de Marielle Nordmann, il permet de découvrir des œuvres sous un jour inédit.
Avec la Romance de Polina de Tchaïkovski, la complicité de ces immenses musiciens éclate dès les premières notes. La grâce de Marielle Nordman irradie sur la partition nostalgique de Dvorak et sa magnifique sonatine op. 100.
Plus pétillant que jamais, Radulovic conclut la première partie en bouleversant le programme. « C’est la troisième fois que je viens à Pontlevoy. Je me suis aperçu que je jouais Ysaye systématiquement, alors j’ai décidé d’improviser. » Il entame derechef un mixte hallucinant des Caprices de Paganini qui laisse le public médusé.
Après l’entracte, le charme continue d’opérer. La Fantaisie pour violon et harpe de Camille Saint-Saëns illustre combien ces deux instruments savent se répondre à merveille. La musicalité de Marielle Nordmann conjuguée à la maestria de Radulovic rend le songe toujours plus prenant.
La harpiste s’aventure en terre hispanique avec une adaptation de la cathédrale d’Agustin Barrios où l’on jurerait entendre une guitare derrière les glissandos. Puis voici l’un des moments les plus émouvants du concert : la Méditation de Thaïs, le chef-d’œuvre de Jules Massenet. On retient son souffle lorsque les cordes se tendent et que la courtisane se meurt.
L’émotion est à son comble mais le duo a tout prévu pour finir sur une note plus légère. Les danses populaires roumaines du compositeur Belà Bartok donnent une ultime occasion d’apprécier les prouesses de Radulovic. On aurait presque envie de se lever et de danser. Les spectateurs réservent aux musiciens un accueil triomphal archi-mérité.

Prochaine soirée le 21 juillet avec un concert baroque aux chandelles.

Henri Brissot